1981 - Light Years Away

(Sources : internet – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

Synopsis

Fiction – Jeune barman de 25 ans, Jonas vient retrouver le vieux Yoshka Poliakoff, qui vit dans un lieu retiré de l’Irlande, au milieu des restes de son garage désaffecté, et d’oiseaux, reclus dans un hangar fermé aux regards extérieurs. Entre les deux hommes s’instaure un rapport violent de transmission du savoir, dur mais très affectif. Au village le plus proche, Jonas achète un cochon à une femme d’âge mûr, Betty, qui devient sa maîtresse. Les deux amants se retrouvent dans une caravane du cimetière de voitures, mais Yoshka chasse Betty, et rappelle à Jonas qu’il n’aura à manger que s’il remet à neuf la vieille pompe à essence afin d’y ramener les clients. Mais aucune voiture ne s’arrête et, lorsqu’enfin il y en aura une, Jonas s’apercevra qu’elle ne marche plus et que la cuve est vide. Blessé par ses oiseaux, Yoshka se fait enterrer jusqu’au cou. Trois jours et trois nuits passés dans la terre et sans manger guérissent complètement ses blessures. Jonas accepte de mettre de l’ordre dans les carcasses de voitures, et s’y livre avec ardeur. Mais ce n’est que pour mieux subir l’insatisfaction colérique du vieil homme. Révolté, il incendie, la nuit venue, toutes les voitures. Il accepte pourtant, plus tard, le nouvel ordre de Yoshka : aller lui chercher un aigle. Avec l’aide d’un braconnier, il en capture un et le ramène. Yoshka révèle son secret : il veut voler dans les airs. Harnaché de ses ailes de plumes, il disparaît dans le ciel. Quelques heures plus tard, on le retrouve, mort, les yeux dévorés par l’aigle. A la ville, Jonas se voit remettre le testament de Yoshka…

(Sources : Cinémathèque française – Copyright, 1995 CMC / Les Fiches du Cinéma)

Affiche du Film

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

Photos du Film

(Sources : internet – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Sources : Swiss Films – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Sources : internet – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Sources : internet – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Sources : internet – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

Photos du tournage

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

Photos du Festival de Cannes 1981

(Grand Prix Spécial du Jury – Festival de Cannes – Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Grand Prix Spécial du Jury – Festival de Cannes – Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Production)

(Grand Prix Spécial du Jury – Festival de Cannes – Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Grand Prix Spécial du Jury – Festival de Cannes – Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

(Grand Prix Spécial du Jury – Festival de Cannes – Source et Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

Vidéo

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(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner © L.P.A., Phenix Productions)

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(Sources : DVD Editions Montparnasse – Droits réservés Alain Tanner © Alain Tanner (FLV))

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

Situé quelque part entre la fable écologique et le conte fantastique, « Les Années Lumière » apparaît à première vue assez éloigné du monde d’Alain Tanner. Adaptation d’un roman de Daniel Odier, « La Voie sauvage », le film assume une part de fantasque et d’irréel qui peut dérouter le spectateur, le cinéaste n’ayant guère donné, jusqu’à ce film étrange, dans le registre du bizarre. La folie rôde parfois dans le cinéma de Tanner, mais c’est une folie douce, un écart conscient à la norme qui passe souvent par l’humour ou un comportement qui joue avec la réalité, mais sans la nier. Déjà « Messidor » posait les bases d’une dérive plus dure des personnages, la fugue des filles évoluant vers une rupture de plus en plus délinquante avec la société. À travers « Messidor », Tanner quittait violemment la Suisse et son théâtre plus ou moins rassurant pour une fiction criminelle sans concessions. Avec « Les Années Lumière », il s’exile en Irlande et choisit comme personnage principal un fou radical, un vieil illuminé obsédé par l’idée de voler comme un aigle, d’être un aigle. La société moderne est expulsée du récit, remplacée par un bout du monde intemporel, un hangar désaffecté, une station d’essence improbable perdue dans la lande. Le récit commence au moment où le vieux Yoshka Poliakov, porté par l’interprétation shakespearienne de Trevor Howard, rencontre un jeune homme et entreprend sa formation… d’oiseau. C’est par là qu’on se trouve en terrain tannérien connu : la transmission d’un savoir sensible à l’écart du monde. On retrouve chez le vieux Russe un peu du Charles Dée de « Charles mort ou vif », mais les leçons politiques que ce dernier tentait auprès de son hôte un peu fruste en lui faisant apprendre citations ou proverbes sont remplacées ici par des leçons de choses. Poliakov est un professeur de sensualité et les épreuves, toutes aussi insolites les unes que les autres, qu’il fait subir à son élève n’ont qu’un but : perdre les oripeaux matérialistes de la fausse civilisation pour gagner la logique de la sensation. « Les Années Lumière » sont un film-charnière dans l’œuvre de Tanner, annonçant son versant sensualiste et pessimiste, dont le chef-d’œuvre est « Dans la Ville Blanche ». D’une certaine manière, la dérive de Bruno Ganz dans une Lisbonne à laquelle il se livre corps et âme est annoncée par le désir du vieux Yoshka de ne faire qu’un avec la nature, le cosmos. Il y a dans les deux films la même folie qui cherche à affecter l’identité humaine en son cœur : au devenir-oiseau de l’un correspond le devenir-ville de l’autre.

(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » – Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

La presse romande est très positive dans son ensemble : elle insiste sur le caractère initiatique de cette fable qui s’opposerait au caractère trop directement idéologique du précédent film de Tanner, « Messidor », et qui permettrait à son auteur d’approfondir ses thèmes de prédilection avec plus de légèreté, tout en évitant les pièges du film écologique. Quant à la critique alémanique, elle réserve également un bon accueil au film : inscrivant ce nouvel opus dans l’ensemble de l’œuvre de Tanner, elle met en avant aussi bien le retour de thèmes et de personnages typiquement tanneriens qu’un traitement plus nettement allégorique des utopies et un ton moins désespéré que dans « Messidor », toutes choses qui font de « Les Années Lumière » une des œuvres les plus achevées de son auteur.

Le seul bémol concerne le caractère à la fois prosaïque et démonstratif de l’allégorie. Les quotidiens français sont partagés : les uns sont séduits par l’ambition et le lyrisme d’un film qui, sans jamais recourir au fantastique, entraîne son spectateur dans un monde mythique, tandis que les autres trouvent le film prétentieux et désincarné. Les revues spécialisées françaises apprécient par contre beaucoup « Les Années Lumière » dans lequel elles voient un film de rupture dans l’œuvre de Tanner : les personnages ne sont plus simplement des êtres de discours (un discours issu du gauchisme post-soixante-huitard), déclarant vouloir changer le monde sans prendre la peine de vivre leur vie, mais des êtres incarnés, définis par leurs actes et essayant de donner un sens à leur vie en se confrontant aux forces de la nature ; le cinéma comme art de la mise en scène retrouve tous ses prestiges dans un film qui parvient à s’affranchir d’un roman saturé de signification et à allier maîtrise et ambiguïté. La seule réserve concerne justement le retour épisodique du discours et le caractère trop touffu du scénario.

(Sources : Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

« Les Années Lumière » succède à « Messidor » (1979) qui, explique Alain Tanner, était un film « sur la perte du sens, sur la désillusion de la fin des discours. Ce nouveau film représente un désir de repartir, de reparler, de trouver des thèmes différents, essentiellement énergétiques, plus naturels, plus violents… » Parmi ces thèmes, celui de l’initiation : « Dans tous mes films (…), il y a un côté didactique. J’ai toujours été préoccupé par le passage. Yoshka est vieux, il n’a pas d’enfants, pas de famille, il va se trouver un fils – aujourd’hui, il y en a de disponibles! – pour lui transmettre son bout de sagesse. » Ce fils porte le même nom que l’enfant sur lequel les personnages de « Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 » (Alain Tanner, 1976) reportent tous leurs espoirs d’un avenir meilleur. Le lien entre les deux films est explicite. En effet, si le nom de Jonas est repris du roman de Daniel Odier (« La Voie sauvage », Seuil, Paris 1974) dont « Les Années Lumière » s’inspire, Tanner change l’âge du jeune homme : 17 ans dans le roman, 25 dans le film. C’est François Roulet qui communique le roman au cinéaste : « Il m’a demandé de collaborer avec lui sur une adaptation. Le personnage du vieux le fascinait et il aurait bien aimé le jouer. Puis il est mort et je n’ai jamais vu ses notes. Le sujet me tenant à coeur, j’ai continué à le travailler. » Tanner réalise d’abord une transposition française du roman. Mais cette langue, qui véhicule une « culture latine ou cartésienne », lui semble incompatible avec l’atmosphère mythologique du récit ; il opte pour l’anglais. Le décor est choisi dans la même optique. Le Canada et l’Ouest américain étant écartés par les coproducteurs français, Tanner visite l’Irlande, sur la suggestion d’Odier qui en est originaire. Le lieu répond à ses critères : il est traditionnellement lié au fantastique et à la féerie et offre un « décor de bout du monde, un décor complètement isolé, perdu, paumé, qui ne ressemble à rien ».

Le film, entièrement tourné en Irlande, est coproduit par la France, qui assume 76% du coût de production (2’200’000 fr.), et la Suisse. Les Irlandais sont aussi prêts à participer au financement, mais pas avant 1981, et Tanner ne veut plus différer le tournage pour lequel il est prêt depuis juin 1980. Il le débute en octobre, époque où les conditions météorologiques sont défavorables et impliquent « une lutte contre le grain de la mer, à trois kilomètres ». De plus, explique le cinéaste, « les journées étaient courtes alors que budget et plan de tournage demeuraient serrés ». Les dernières finitions de « Les Années Lumière » sont effectuées en mai 1981, en vue de sa première au Festival international des films de Cannes. Il y reçoit le Grand Prix Spécial du jury.

Le même mois, il arrive sur les écrans français puis sur ceux de Suisse romande et de Suisse alémanique. Les années lumière figure aux programmes de Locarno, en 1981, de Soleure, en 1982, et de nombreuses manifestations durant ces deux années. Le DFI lui octroie une prime à la qualité de 60’000 fr.

(Sources : Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

Il y a dans le Les années lumière un peu plus de plans – peut-être 60 ou 70 de plus – que dans mes films précédents qui en comportaient environ 200. C’est que dans ce film le décor joue un rôle très important. Je ne parle pas seulement du décor fabriqué mais aussi des collines, des nuages, du paysage. J’étais tenté de changer tout à coup mon axe de vision parce que le rapport des lumières dans les deux axes était intéressant. A partir de là il y a quelques vrais raccords. Pas beaucoup, peut-être 5 ou 6. Mais fondamentalement le principe du montage à partir de ce qu’on peut appeler le statut de fiction n’est pas modifié. Si on schématise un peu, la narration traditionnelle, classique, a pour but de dire « le cinéma c’est la vie ». On tourne dans tous les angles avec des focales différentes, à partir de là le monteur recoud l’ensemble avec des « raccords » justes qui donnent l’illusion de la vie. Pour moi ce travail d’assemblage, de recomposition c’est ce qui sonne le plus faux. Ça ne m’intéresse pas de reproduire le réel, l’image ou la photo du réel. Autant sortir dans la rue, c’est beaucoup plus drôle et ça coûte moins cher. Ce qui m’intéresse, c’est d’essayer de trouver une certaine vérité qui est dans le sujet par la mise en forme. C’est-à-dire la durée des plans, les cadrages, le montage. Il s’agit pour moi de décomposer la réalité plutôt que de la recomposer. Il y a mille fois plus de vérité dans un film de Besson que dans les tranches de vie des films commerciaux.

On m’a souvent dit que mon film avait un côté documentaire. Pourtant la fiction y est totalement affirmée. Elle ne fait même aucun effort pour faire vrai. Mais je ne pourrais pas appliquer cette technique de tournage sur n’importe quel scénario. Il faut qu’il y ait devant la caméra des choses qui m’inspirent, qui me motivent et dont j’ai rêvé auparavant.

(Alain Tanner, entretien avec Philippe Defrance, L’Avant-scène cinéma, juin1981 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Fiche technique

Titre:
Les Années Lumière
Light Years Away
Les Années Lumière
Lichtjahre entfernt
Gli anni luce
Année: 1981
Genre: Fiction
Scénario: Alain Tanner, d’après le roman de Daniel Odier « La voie sauvage » (1974)
Réalisation: Alain Tanner
Assistant réalisation: Pascal Ortega, Dominique Othenin-Girard, Frank Hochui
Photographie: Jean-François Robin
Assistant photo: Bernard Cavalier, Gérard Sterin (cadreur)
Son: Alain Lachassagne, Patricia Noia (assist.)
Montage: Claude Villand
Musique:  Arié Dzierlatka
Décors: John Lucas
Maquillage: Maryvonne Autret, Florence Fouquier
Costumes: Thérèse Ripaud
Montage: Brigitte Sousselier
Script: Anne-Marie Fallot
Photos sur pl.:
Technique : Jean Atanassian (élec.), Guy Canu (machin.)
Production: Pierre Heros (prod. dél.), Slotint Genève, Phenix Productions (FR), LPA (FR), Gaumont (FR)
Dir. de prod.:
Assist. de prod.:
Régie: Marie Augustin Ferrier
Distrib. : Citel Films Distribution Genève, Gaumont.
Distribution:
Format: 114 min. 35mm – coul.
Tournage: novembre-décembre 1980, Connemarra (Irlande)
Sortie: mai 1981 (Cannes), mai 1981 (Paris), mai 1981 (Bâle), mai 1981 (Genève « Ecran »), juin 1981 (Zurich « Nord-Süd »), juin 1981 (Berne « Club »), septembre 1981 (Lucerne « Atelier »), novembre 1981 (RFA), décembre 1981 (Madrid), janvier 1982 (Londres « Camden Plaza »), juillet 1982 (TSR), septembre 1982 (ARD/WDR)
Prix : Prix spécial du jury (Cannes 1981)
Festivals : Cannes 1981, Locarno 1981, Soleure 1982, Figueira da Foz 1981, Chicago 1981, Londres 1981, Dublin 1981, Calcutta 1982, Sidney 1982, Wellington 1983
Droits mondiaux:
Version originale:
DVD: AV Word (Suisse)

(Sources: Cinémélanges – Swissfilms – Sources Cinémathèque française – Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque Suisse et Gilles Attinger – 2007 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Générique artistique

 

Interprètes:

  

Yoshka Poliakoff

 Trevor Howard 

Jonas

 Mick Ford 

La paysanne

 Bernice Stegers 

Le notaire

 Henri Virlogeux 

La danseuse

 Odile Schmitt 

L’homme à la camionette

 Louis Samier 

Thomas

 Joe Pilkington 

Le client du bistrot

 John Murphy 

Le garçon ivre

 Mannix Flynn 

Le patron de café

 

Don Fuley

Le patron du bistrot du village Jerry O’Brien
Le flic Vincent Smith

La fille au bal du village

 

Gabrielle Keenan

(Sources: Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque Suisse et Gilles Attinger – 2007)

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