1974 - Le Milieu du Monde

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

Synopsis

Fiction – Dans une petite ville du Jura Suisse, un jeune ingénieur, marié et père de famille, Paul Chamoret, accepte d’être candidat à la députation, bien que n’appartenant à aucun mouvement politique. Au cours d’une réunion électorale dans un bar, Paul remarque la serveuse et se promet de la revoir. Quelques jours plus tard, ils font connaissance. Adriana est émigrée, italienne et veuve. Elle a échoué dans ce bar en répondant à une petite annonce. Solitaire, renfermée, Adriana se laisse peu à peu séduire. Paul compose pour se rendre disponible. Il essaie de tout concilier : élections, travail, famille et Adriana. Ils se rencontrent loin de la ville. Au hasard d’une promenade, Paul présente Adriana à un camarade ; il a franchi le pas en décidant de vivre au grand jour. Le parti qui le soutient s’inquiète de cette aventure et, au bar, Adriana essuie les quolibets. Paul est déterminé, sa femme vient de le quitter, le divorce va être prononcé : il est libre. Adriana refuse de quitter son travail et de vivre chez lui ; elle préfère sa modeste chambre et sa liberté. Paul ne comprend pas. Apparemment, ils sont heureux ; au fond, ils n’échangent pas. Paul continue sa course folle entre son travail et le bar. Qu’importe les distances! Chaque jour, en voiture, il sillonne les routes. Adriana refuse toujours d’abandonner son emploi et son logement, malgré les arguments que cela représente. Elle est de plus en plus secrète et reproche à Paul de ne rien faire pour la comprendre. Les élections approchent, Paul a confiance. Il est au-dessus des pressions et des calomnies, mais l’opinion ne lui est plus favorable. Il est battu! Quelques jours plus tard, il se rend au bar. L’établissement est fermé, à la suite du décès de la patronne. Paul va chez Adriana. Il s’enthousiasme, explique, propose, mais en vain! Adriana est déterminée ; elle va partir, quitter le pays, sa décision est irrévocable.

(Sources : La Cinémathèque française – Copyright, 1995 CMC / Les Fiches du Cinéma)

Affiche

(Affiche de « Le Milieu du Monde » – Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

Photos du Film

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Swiss Films – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

Photos du tournage

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris)

Vidéo

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(Sources: DVD/Alain Tanner/AV World/Doriane Films – Droits réservés Alain Tanner © Citel Films Genève et Action Films Paris (ext))

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

Comme « Le retour d’Afrique », « Le Milieu du monde » est un film sur le couple et l’état des sentiments au début des années 1970 ; c’est aussi l’œuvre la plus théorique de son auteur, celle qui expose le plus explicitement ses partis pris de cinéma. Alors que le film précédent intégrait ensemble le fond – la crise du sujet contemporain – et la forme – une distanciation par les mots cités par les personnages et les mouvements de caméra les accompagnant –, « Le Milieu du Monde » dissocie fortement le récit d’une histoire d’amour difficile et une forme stricte, parfois rigide, qui casse constamment le naturalisme apparent de l’intrigue et les effets de réel. L’ouverture annonce en voix off : « Ce film a été tourné en 1974 en un temps de normalisation », puis « Ce film raconte l’histoire d’une serveuse de café italienne et d’un ingénieur du milieu du monde pendant une période de cent douze jours. » Les cartons indiquant les dates d’une chronologie à trous, les ponctuations musicales de Patrick Moraz, les plans de paysages dans le désordre des saisons et sans respecter le temps de l’intrigue signent un didactisme esthétique peu courant dans une œuvre qui sait faire disparaître ses intentions exigeantes dans la forme du film. Mais ce brechtisme prononcé s’explique aussi par la dimension politique du film ; jamais Tanner n’a peut-être autant désigné l’ennemi que dans ce film-ci : politiciens de province véreux et phallocrates, peuple des bistrots à l’humour médiocre. À cette glu du social qui s’empare de tout, le cinéaste oppose un salut par le cinéma et son langage : mettre à distance le réel représenté et le spectateur, c’est permettre à celui-ci une conscience, ce que la critique de l’époque appelait : « le travail du spectateur ».

(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

La presse consultée est positive : le rédacteur de la « NZZ » met en avant plusieurs choses : la diversité des moyens de distanciation que le film met en jeu, le fait que le héros n’évolue pas du début à la fin, contrairement à ce qu’il en est dans les précédents films du cinéaste, et enfin le fort sentiment d’être en Suisse que le film dégage, sentiment donné comme finalement plutôt rare dans le cinéma suisse. Quant au rédacteur de « La Voix Ouvrière », il voit dans « Le Milieu du Monde » une rupture dans le cinéma de Tanner, en ce sens que ce dernier s’intéresserait à ses personnages plus pour eux-mêmes que pour le milieu social dont ils sont issus. Il pointe aussi la contradiction relative à l’œuvre dans le film, entre naturalisme de la mise en scène et schématisme de la structure du film. Il sort à Paris dans six salles en septembre 1974. La presse française est globalement très positive : « Le Milieu du Monde » est considéré comme le film le plus beau et le plus ambitieux de son auteur, un film qui allie de manière inimitable intelligence et sensibilité.

Quant aux revues spécialisées, elles soutiennent un film qui parvient à démontrer que cinéma et politique ne sont pas inconciliables et à articuler théorie et spectacle. Le seul bémol est apporté par la revue « Positif » qui trouve que Tanner applique trop sèchement la théorie brechtienne de l’identification. Le milieu du monde sort dans les salles romandes et alémaniques dès la fin septembre 1974, où il totalisera 118’050 entrées. La presse alémanique consultée voit le film comme une avancée majeure dans le cinéma de Tanner : complexité croissante des personnages et perfectionnement stylistique. La presse romande est, quant à elle, partagée : les uns trouvent le film remarquable, notamment pour son authenticité et l’originalité d’une écriture qui va s’affirmant de film en film, tandis que d’autres estiment que le film ne tient pas toutes ses promesses et manque singulièrement de passion. Quant aux nombreuses scènes d’intimité entre les deux personnages principaux, elles posent problème même aux défenseurs du film : elles sont en effet considérées, au mieux, comme lassantes en raison de leur caractère mécanique ou trop naturalistes par rapport au ton général du film, au pire, comme maladroites, voire choquantes.

(Sources : Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

Avec « Le Milieu du Monde », son premier film en couleurs, Alain Tanner poursuit la recherche cinématographique entamée dans « La Salamandre » (1971), qui « contenait une critique plus vive, mais aussi plus simpliste que « Le retour d’Afrique » (1973) », en plaçant « la dimension allégorique (…) au premier plan ». Sans oublier de « donner une base de vraisemblance aux personnages », il utilise leur histoire métaphoriquement, l’incapacité et le refus de Paul de changer représentant « le refus de se transformer qui caractérise notre société. Or, tant qu’on ne se transforme pas, on n’arrive à rien. » Tanner poursuit aussi sa démarche sur le plan formel. Laissant de côté la voie qui consiste à tourner « un film sur le plan narratif », il réfléchit « sur la nature du langage par rapport au spectateur ». Avec le scénariste John Berger, romancier et critique d’art britannique fixé en Suisse, il travaille « sur la forme du récit, de façon que le spectateur ait le sentiment que le récit en lui-même n’a aucune importance, mais que l’important c’est la façon dont il est mené. Il y a donc une frustration du spectateur qui est voulue, de façon qu’il puisse réfléchir et sortir de sa passivité naturelle. » Cette frustration est induite par la fragmentation d’un récit que Tanner conçoit comme « la mise bout à bout de cent vingt courts métrages ( …) ayant une certaine part d’autonomie », juxtaposition qui, lors du tournage, procurait à Tanner « l’impression très stimulante de recommencer chaque jour un nouveau film ». Cette exhibition de la structure du film produit du côté du spectateur un effet de distanciation, renforcé encore par le recours systématique au plan-séquence qui « éloigne le réel tout en restituant la durée. C’est parce que la durée est tellement compressée au cinéma que le simple fait de la réintégrer provoque un effet d’étrangeté. » Le milieu du monde est tourné en quarante-sept jours, de janvier à mars 1974. Les coûts de cette coproduction franco-suisse s’élèvent à 900’000 fr., trois fois plus que pour « Le retour d’Afrique ». La première du « Milieu du monde » a lieu dans le cadre du Festival du film de Locarno (hors concours).

(Sources : Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

« Il n’est plus possible de raconter les choses au premier degré, il faut trouver d’autres formules »

Dans « Le Milieu du Monde », je me suis surtout attaché au montage entre les scènes, celles-ci étant la plupart du temps composées d’un seul plan. Il n’y a, dans tout le film, pas plus d’une dizaine de raccords « justes » – c’est-à-dire des raccords à l’intérieur d’une même scène et en continuité temporelle – alors qu’un film « normal » en compte au minimum plusieurs centaines. Il y a un travail de déconstruction à opérer sur le langage traditionnel, mais il ne suffit évidemment pas de simplement tout bouleverser. Le montage, s’il se veut un rapport. Et de même, il ne faut pas non plus que ces rapports soient simplistes, grossiers et manichéens, ou encore mécanistes. L’intérêt d’une approche de ce type réside essentiellement dans un rapport de nature dialectique : mieux séparer les éléments pour ensuite établir des rapports entre eux. Le système du découpage excessif, au contraire, cherche à effacer les oppositions, à relier tous les éléments, sans établir de distinctions et se refuse de la sorte la possibilité de découvrir les liens entre les choses. Au reste, le refus de la dialectique me paraît être la marque la plus caractéristique de la quasi-totalité des films et plus particulièrement encore ceux de télévision. »

Création d’un film.

Pour schématiser, il m’apparaît qu’aujourd’hui il existe deux pôles possibles pouvant présider à la création d’un film : soit un travail d’élaboration qui s’engage sur le terrain du langage ou alors une inspiration purement subjective, relevant des phantasmes, des obsessions ou des rêves propres à un individu (qui, en l’occurrence, devra avoir du talent). Dans les faits, ces deux pôles ne sont jamais totalement séparables, la frontière peut être floue mais, en tout cas, il doit être clair que le film est attiré vers l’un ou l’autre de ces deux termes.

(Alain Tanner, L’Avant -scène cinéma n°153, décembre 1974 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Fiche technique

Titre :
Le Milieu du Monde
Die Mitte der Welt
Middle of the World
Année : 1974
Genre : fiction
Scénario : Alain Tanner et John Berger
Réalisation : Alain Tanner
Assistant réalisation : Michel Schopfer, Nicolas Philibert, Jean-François Amiguet (stagiaire)
Photographie : Renato Berta
Assistant photo : Carlo Varini, Daniel Bridle
Son : Pierre Gamet, Peter Begert (mixage), Luc Yersin (perche)
Musique : Patrick Moraz
Décors : Serge Etter
Montage : Brigitte Sousselier, Marc Blavet (assist.)
Script : Madeleine Fonjallaz
Photos sur pl. : Roswitha Hecke
Technique : Robert Boner (chef élec.)
Production : Yves Peyrot (prod. dél.), Yves Gasser (prod. ass.), Citel Films SA Genève, Action Films SA (FR), SSR
Dir. de prod. : Bernard Lorain
Ass. de prod. : Anita Peyrot
Régie : Anita Canonica
Distribution : Gaumont, Idéal Film Genève
Format : 115 min. 35 mm coul.
Tournage : janvier-mars 1974, région de Bavois (étang), Chavornay (buffet de la gare, gare), Corcelles (château) et région, Lausanne (Grand-Pont), plaine de l’Orbe, Orbe (gare, HLM, Théâtre des Jeunes), Ouchy (Palace Beau-Rivage), Saint-Claret, Ste-Croix (usine Paillard, garage) et région (VD), train Genève-Sion, Zürich (banlieue, usine Standard Telephon und Radio AG)
Sortie : août 1974 (Locarno), septembre 1974 (Paris – Saint-Germain-Huchette, Saint-Lazare, Pasquier, Publicis-Matignon, Montparnasse-Pathé, Gaumont-Convention), 27 septembre 1974 (Zurich – Nord-Süd), octobre 1974 (Lausanne – Lido), octobre 1974 (Genève – Ciné 17), octobre 1974 (Bâle – Mascotte), novembre 1974 (Berne – Royal)
Prix :
Festivals : Festival del film Locarno (hors concours) 1974, San Sebastian 1974, Téhéran 1974, Soleure 1975, Venise (cycle Films suisses et émigration italienne) 1974, New York 1974, Mannheim 1975, Melbourne 1975
Droits mondiaux :
Version originale :
DVD :

(Sources: « Ciné-Mélanges » – Swiss Films – Sources Cinémathèque française – Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

 

Générique artistique

Interprètes :

  

Adriana

 Olimpia Carlisi 

Paul

 Philippe Léotard 

Juliette

 Juliet Berto 

La veuve Schmidt

 Denise Perron 

Marcel

 Jacques Denis 

Roger

 Roger Jendly 

Albert

 Gilbert Bahon 

Le président de l’A.D.P.

 Pierre Walker 

Gavault

 Paul Pasquier 

Le père de Paul

 Adrien Nicati 
  Pierre Ruegg 
  

Alain Chevallier

  

Robert Guillon

  

Charles Gleyvod

  

Albert Itten

  

Lise Lachenal

  

André Schmid

  

Michel Fidanza

  

Arthur Grosjean

  

Hugues Kastner

  

Gérard Despierre

  

Roland Amstutz

  

Jacques Michel

  

Gilbert Divorne

  

Guillaume Chenevière

  

André Neury

  

Alfredo Gnasso

Voix

 

Claire Dominique

(Sources : Ingrid Telley – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

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