1973 - Le retour d’Afrique

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

Synopsis

Fiction – Pierre, un reporter, et Paul, un romancier travaillent à la réalisation d’un feuilleton TV à partir d’un fait divers réellement arrivé : une jeune fille a été accusée d’une tentative de meurtre sur la personne de son oncle, puis finalement relâchée, faute de preuves. Paul imagine le personnage, Pierre l’interviewe. Le rêveur et le réaliste conviennent de travailler séparément, puis de comparer le résultat. Mais Paul rencontre fortuitement Rosemonde et lui fera découvrir sa propre réalité que Pierre n’a pas comprise. Elle trouve en Paul la seule personne qui l’accepte telle qu’elle est et qui lui fasse prendre conscience de sa révolte. Aucun des deux ne parvient cependant à l’apprivoiser, elle reste toujours elle-même. A la fin elle sait pourquoi elle refuse le genre de vie préfabriquée qu’on lui propose. Le projet de scénario n’a pas de suite, mais tout le monde s’est en quelque sorte réveillé.

(Sources : La Cinémathèque française – Copyright, 1995 CMC / Les Fiches du Cinéma)

Affiche

(Sources : Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011 – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

Photos du Film

(Sources : Swiss Films – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Swiss Films – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5*)

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(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

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Photos du tournage

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

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(Tournage scène coupée – Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5*)

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Vidéo

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(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner © Groupe 5)

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

Ode à la parole libérée et aux mots, « ceux qu’on dit aux autres, ceux qu’on dit en silence », le troisième long métrage d’Alain Tanner est habité par la langue d’un poète et un texte qui marqua profondément la jeunesse du cinéaste : le « Cahier d’un retour au pays natal » écrit en 1939 par Aimé Césaire. Poème adulé par les surréalistes, flux séminal de la pensée anticolonialiste, le texte du poète antillais est la source vive qui irrigue les gestes et paroles du personnage principal, Vincent (François Marthouret), trentenaire genevois, gagné par l’ennui de son existence monotone d’Occidental nanti et qui décide, après avoir vendu ce qu’il possède, de partir en Algérie avec sa fiancée. Dans cet argument, on reconnaît sans mal le thème de la fuite loin de chez soi, thème rimbaldien cher au Suisse Tanner et qui est ici directement rattaché à l’argumentaire tiers-mondiste des années 1960-1970 ; mais la force du film vient évidemment du dépassement de cet argument, de son retournement. En effet, la veille de son départ, des circonstances fortuites empêchent le couple de partir ; commence alors une existence paradoxale où ils se terrent chez eux, craignant les moqueries de leurs amis, n’assumant pas le report de leur voyage. Parleur fanfaron, promettant l’insurrection à tous les coins de rue, Vincent finit par se résigner peu à peu à son sort d’homme terré et contraint de vivre la vie de tous : la vie de couple. Comme le dit Tanner au début du film par la voix off, « dire des mots peut être un acte en lui-même, cela peut être aussi un substitut à l’action. » Au dernier plan du film, le couple décide d’avoir un enfant et joue à pile ou face pour savoir qui s’en occupera. Le titre apparaît alors dans sa terrible ironie : ce n’est pas d’Afrique que les deux reviennent, mais du territoire encombré de leurs rêves échoués.

(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

Mais côté critiques, après l’accueil dithyrambique fait à « La Salamandre » dans la foulée du succès de Paris, j’ai eu droit cette fois à un véritable numéro de chasse aux sorcières, certains journaux ne voyant dans « Le retour » qu’un pamphlet politique, m’accusant de faire débiter aux acteurs des slogans révolutionnaires, me dénonçant comme dangereux agitateur menaçant les structures et l’ordre du pays… Pourtant, force est de constater que tous les grands quotidiens alémaniques sont unanimement positifs : Tanner a élargi et enrichi avec ce film sa palette formelle : dialogues brillants et mouvements de caméra subtils, pour signer la chronique – engagée – de l’époque. Le « Berner Tagblatt » va même jusqu’à se demander pourquoi les cinéastes romands s’expriment avec plus de talent sur la vie contemporaine que leurs collègues alémaniques. La presse française, quant à elle, loue la dénonciation sociale et la réflexion sur le cinéma que propose Tanner, l’intelligence et la sensibilité de sa mise en scène distanciée. En comparaison, la presse romande fait preuve d’un enthousiasme plus mitigé. Plutôt que de s’attarder sur la charge politique, elle dissèque l’œuvre d’un point de vue formel, mesurant les déclarations d’intention du cinéaste au film qui en est résulté.

(Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

Réaliser « Le retour d’Afrique » après l’immense succès de « La Salamandre » (1971) représente une sorte de gageure pour Alain Tanner, qui ne s’attendait pas à ce succès. Refusant toutes les offres de productions importantes, il décide de poursuivre son expérience de producteur distributeur – qui s’achève du reste avec ce film – en tournant encore un long métrage en noir et blanc et 16 mm gonflé. Il souhaite éviter ainsi les contraintes de budget ou de méthodes de travail liées à une grosse coproduction. Par ailleurs, l’accueil critique et public fait à « La Salamandre » pousse Tanner à se remettre en question : « Ce succès de « La Salamandre » m’a fait peur, m’amenant à me demander s’il était toujours dû à de bonnes raisons, à me poser la question « qu’est-ce qui ne fonctionne pas? », et me donnant envie d’envisager autre chose. Si bien que le scénario de « Le retour d’Afrique » a davantage été conçu par rapport à l’expression cinématographique que mes autres films avec, par exemple, un problème que je n’avais pas abordé jusqu’à présent, qui est celui de la signification, des implications d’un travelling, c’est-à-dire plus largement de l’outil cinéma. » Après six mois d’écriture, Tanner livre la troisième version, épurée, d’un scénario plus autobiographique que ne l’étaient ses deux fictions précédentes : « La première partie du film, le couple enfermé dans la chambre attendant de partir, c’est moi il y a vingt ans, et la seconde partie, qui décrit l’installation dans la vie quotidienne neuf mois après, c’est en fait moi aujourd’hui, c’est-à-dire que ces neuf mois de durée cinématographique correspondent à vingt années de ma propre évolution dans la vie. » Enfin, Tanner poursuit en développant ce qu’il appelle les « techniques de distanciation ». « J’ai horreur de raconter une histoire au premier degré, de laisser le spectateur être trompé par l’apparence de réalité et donc se couper de toute possibilité de réflexion … » C’est pour cette raison que Tanner conçoit notamment son film, dès le stade du scénario, comme une soixantaine de courts métrages, chaque scène ayant un début et une fin, le tout formant, plutôt qu’un récit lié, un ensemble fragmenté en petits épisodes. Sur le tournage, les travellings voulus par Tanner nécessitent de faire venir de Rome un chariot, et de faire appel à deux spécialistes italiens, Aldo Ricci et son fils Claudio, habitués des tournages de Fellini et d’Antonioni. Le film, produit par le Groupe 5 dans le cadre du deuxième accord de participation de la TSR – qui s’engage à verser 80’000 fr. par réalisation – coûte 260’000 fr. Le Groupe 5 et la TSR assument 30% du financement chacun, la maison de production parisienne Filmanthrope prenant en charge les 40% restants.

Le film sort d’abord à Zürich en mars 1973, à Paris en septembre, puis un mois plus tard en Suisse romande. « L’accueil fait au « Retour d’Afrique » au seul endroit où il soit sorti commercialement avant Paris, à Zürich en mars dernier, a été assez intéressant. Côté public, le film a fait les deux tiers des recettes de « La Salamandre », qui avait battu les records de la salle, alors que je ne comptais que sur la moitié…

Présenté en 1973 à Berlin au Forum International du Jeune Cinéma, « Le retour d’Afrique » remporte le prix Otto-Dibelius (Preis des Internationalen Evangelischen Filmjurys) et le prix de l’OCIC (Preis des Internationalen Katholischen Filmbüros). Il est programmé au Festival du film de Locarno (Information suisse) la même année, puis en 1974 à Soleure, Melbourne et Beyrouth.

(Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

« Il n’est plus possible de raconter les choses au premier degré, il faut trouver d’autres formules »

« « Le retour d’Afrique » est un film à la fois plus et moins autobiographique que mes deux précédents. « Charles mort ou vif » ne l’est pas du tout, de façon très délibérée, car je ne voulais pas, faisant mon premier film à trente-huit ans, « raconter ma jeunesse » ; tandis que le deuxième l’est, mais de manière transposée : absolument pas sur le plan du récit, mais à travers les deux hommes, Pierre et Paul, qui incarnaient mes problèmes de journaliste à la télévision, pris entre l’objectivité impossible et la force de l’imagination. « Le retour d’Afrique », par contre, est davantage autobiographique au niveau du récit, mais avec un décalage dans le temps, avec vingt ans de recul. Si vous voulez, la première partie du film, le couple enfermé dans la chambre et attendant de partir, c’est moi il y a vingt ans, bien qu’avec des différences notables puisque, par exemple, je n’étais pas marié comme Vincent dans le film, et la seconde partie, qui décrit l’installation dans la vie quotidienne neuf mois après, c’est en fait moi aujourd’hui, c’est-à-dire que ces neuf mois de durée cinématographique correspondent à vingt années de ma propre évolution dans la vie. Il se trouve que ce film est aussi un défi après le succès inattendu de « La Salamandre » : j’ai refusé toutes les offres de productions importantes, les adaptations de romans que l’on me proposait notamment, pour poursuivre mon expérience de producteur-distributeur – qui s’achève du reste avec ce film – et faire encore un petit film en 16mm gonflé, en noir et blanc, qui ne posait aucun des problèmes de budget et de méthodes de travail qu’aurait présenté une co-production et qui m’auraient empêché de faire un certain nombre d’expériences auxquelles je tenais, notamment au niveau du langage. Les deux films précédents avaient été faits de façon très spontanée à ce niveau, la technique étant délibérément sacrifiée au profit du déroulement de l’histoire, des personnages, du travail avec les acteurs ; et « Charles », comme « La Salamandre » ont sans doute bénéficié de cette absence de préoccupations techniques qui leur a donné ce côté direct, vécu, qui a séduit les spectateurs. Et je dois dire que ce succès de « La Salamandre » m’a fait peur, m’amenant à me demander s’il était toujours dû à de bonnes raisons, à me poser la question: « Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? », et me donnant envie d’envisager autre chose. Ainsi, le scénario du « retour d’Afrique » a davantage été conçu par rapport à l’expression cinématographique que mes autres films avec, par exemple, un problème que je n’avais pas abordé jusqu’à présent, qui est celui de la signification, des implications d’un travelling, c’est-à-dire plus largement de l’outil cinéma. Mais là, le cinéma suisse se heurte immédiatement à des problèmes de développement technique qui font que, pour les travellings du retour, j’ai dû faire appel à des spécialistes italiens, Aldo Ricci et son fils Claudio, qui travaillent habituellement avec Antonioni et Fellini. Ils sont venus avec tout l’équipement auquel ils sont habitués et qui est d’une maniabilité prodigieuse, se démontant, se transformant à volonté. Et comme je ne crois pas que, malgré son actuel dynamisme, le cinéma suisse ait les moyens de former des techniciens ni de les utiliser régulièrement, et moins encore celui de créer un enseignement cinématographique, je crains qu’à l’avenir nous ne devions continuer à nous développer par et vers l’extérieur…

(Alain Tanner, « Ecran 73 » n°18, septembre-octobre 1974 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Fiche technique

Titre :
Le retour d’Afrique
Die Rückkehr aus Afrika
Année : 1973
Genre : fiction
Scénario : Alain Tanner
Réalisation : Alain Tanner
Assistant réalisation : Michel Schopfer, Bertrand van Effenterre
Photographie : Renato Berta
Assistant photo : Carlo Varini
Son : Son Marcel Sommerer, Luc Yersin
Musique : Jean-Sébastien Bach, arrangé par Arié Dzierlatka
Décors : Yanko Hodjis
Montage : Brigitte Sousselier, Marc Blavet (assist.)
Script : Anne-Marie Fallot
Technique :
Production : Alain Tanner (Groupe 5) (Suisse) – Nouvelles Éditions de films et Filmanthrope (France)
Dir. de prod. : Alain Tanner
Assist. de prod. : Nathalie Nath
Distribution : Film-Pool Zürich
Format : 113 min. 35 mm (16 mm + blow-up) n / b
Tournage : Genève / septembre 1972 – novembre 1972, Collex-Bossy (pépinière), Genève, Meyrin (GE)
Sortie: mars 1973 (Zürich – Nord-Süd), mai 1973 (Genève – Roxy), 9 mai 1973 (Bienne – Apollo), septembre 1973 (Paris – Marbeuf, Saint-Séverin, Studio Raspail, Luxembourg), 18 octobre 1973 (Lausanne – Bourg), mars 1974 (Berne – Royal), juin 1974 (Bâle – Royal), novembre 1974 (TSR), mai 1976 (DRS)
Prix : Prix Otto-Dibelius du jury évangélique international du film 1973 (Berlin), Prix de l’OCIC 1973
Festivals : Berlin (Forum international du jeune cinéma) 1973, Locarno (Festival del film Locarno – Information suisse) 1973, Soleure 1974, Thonon (Semaine du cinéma suisse) 1974, Melbourne 1974, Beyrouth 1974
Droits mondiaux :
Version originale :
DVD : Alain Tanner / AV World

(Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Générique artistique

Interprètes :

  

Vincent

 François Marthouret 

Françoise

 Josée Destoop 

Emilio

 Roger Ibanez 

Postière 1

 Juliet Berto 

Postière 2

 Anne Wiazemsky 

Postière 3

 JacquelineCuénod 

Jardinier 1

 Roger Jendly 

Jardinier 2

 François Roulet 

Jardinier3

 Pierre Holdener 

L’acheteur de la voiture

 André Schmidt 
  Armen Godel 
  

Philippe Gruffel

  

Jacques Roman

  

Séverine Bujard

  

Dominique Catton

Un policier

 

Francis Reusser

(Sources : Marthe Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

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